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dimanche 18 mars 2012

De silence et d'ombre - Ascension




De Silence et d’Ombre officie maintenant depuis quelques années dans les brumes de l’underground français, nous gratifiant régulièrement de nouvelles compos pour emplir nos écoutilles. « Ascension » regroupe sur cd les deux premières sorties du groupe, que nous pourrions volontiers qualifier de « démo ».

Que suis-je en train de dire ? Deux choses : tout d’abord, il s’agit des premiers travaux du groupe, ce qui implique donc une maturation en cours, inachevée. Ensuite, l’effet « compilation » est inévitable, c'est-à-dire que la cohérence de l’ensemble est délicate à approcher. Et en effet, on a le droit à 75 minutes de musique, ce qui est beaucoup, vraiment beaucoup. Trop peut-être, car les deux opus pris séparément sont à mon sens suffisamment bien calibrés pour s’écouter seul. Ainsi, j’ai tendance à préférer m’écouter l’une ou l’autre partie de l’album, plutôt que de m’enchaîner le tout d’une seule traite. Petite précision : la démo I s’est vue tronquée d’un morceau présent à l’origine sur la version tape.

De Silence et d’Ombre, au nom agréablement original, se situe dans un registre plutôt black metal/ambient, et il n’est pas difficile de percevoir les influences majeures du groupe, Darkspace en premier lieu. La différence avec les suisses est toutefois évidente. Ici, les compos se font moins agressives, plus posées, plus étranges aussi devrais-je peut-être dire. On lorgne presque du côté d’un black/doom, ce qui n’est pas nécessairement positif, et je m’en explique. Si la lenteur amène justement un plus à l’astralité des thèmes abordés, le son des guitares m’a semblé bien trop aigu pour soutenir cette approche, perdant du coup en efficacité. Puisque je suis dans la critique du son, il me faut évoquer la boite à rythme : affreuse. Si ce genre de matériel peut s’avérer tout à fait pertinent sur certains types d’albums, en étant très bien utilisé (pensons par exemple à Darkspace ou même Lifelover), ici ça sonne trop « cheap », les blasts sont insoutenables et sans profondeur, coupant court à l’effet recherché me semble-t-il.
Après ces deux critiques, il me faut tout de même noter les éléments appréciables. La voix, moins travaillée sur le premier opus, prend davantage son aise sur le second et développe des ambiances très intéressantes, avec des voix claires, des variations dans les hurlements, etc. Les effets de claviers m’ont semblé plutôt efficaces, sachant se faire discret quand il le faut et amenant une épaisseur indéniable aux compos, tout en imposant une atmosphère ombrée et aérienne. Et puis surtout, ça fourmille de bonnes idées un peu partout, par exemple ce côté que j’ai qualifié d’étrange, véritable marque de fabrique du groupe, avec ces espèces de « non-arpèges » angoissant qui amènent vraiment une dimension particulière à la musique. Là où Darkspace nous entraîne dans une explosion stellaire à la vitesse de la lumière, ici l’on se sent échoué entre deux planètes, errant dans le vide du cosmos où semblent graviter d’étranges objets dévitalisés, déshumanisés.

Pour conclure, il faut absolument rappeler une chose : il s’agissait là de premiers travaux, de démos comme j’ai pu le dire. Or justement, ma critique ne tient pas compte de ce point, pour une simple raison : le niveau est vraiment élevé, ce qui en fait bien plus que de simples démos. Toutefois, l’ensemble manque encore un peu de profondeur, tant au niveau de l’homogénéité intra et inter compos que du travail sur le son et les instruments. Précisons toutefois que les morceaux de la deuxième démo bénéficient déjà d’une évolution globale tout à fait saisissante, ce qui laisse à penser que les travaux suivants ont poursuivis en ce sens, afin de proposé une musique plus maturée. A suivre, donc.

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