Musique et tergiversation sur tout et rien, surtout rien.

dimanche 22 avril 2012

Electric Wizard - Black Masses


Electric Wizard officie depuis maintenant un paquet d’année, au point d’être devenu un groupe phare de la scène stoner doom, le genre de combo par lequel on passe forcément à un moment ou à un autre si l’on se penche sur tout ce qui a trait de près ou de loin au psychédélisme, au stoner et au doom. A y regarder de plus près, leur discographie est loin d’être uniforme. Car si Dopethrone est régulièrement cité comme pierre angulaire du combo, l’oreille aguerrie et suffisamment curieuse aura remarqué les perles que révèle la discographie du groupe – chaque album ou presque en fait. Partant de là, se pouvait-il que le groupe nous livre une fournée molassone et manquant d’idées ? Se moquait-on de nous ?

Loin de là au contraire. Black Masses est paradoxal, et la raison en est simple : impossible d’appréhender la bête logiquement, posément, avec raison et réflexion. Autrement dit, écouter l’album en y cherchant une quelconque logique est voué à l’échec. Il faut bien au contraire entrer en plein délire, tout avaler, s’embrumer la cervelle, puis tout lâcher. Et alors là, tout prend sens.

Plus que jamais, la fumée a envahi la psyché du grand sorcier, désormais incapable d’entrer en communication avec la réalité. Witchcult Today avait ouvert la porte aux délires seventies satanico-hallucinogène et sexuellement débridé. Mais après nous avoir imaginairement plongé dans cet univers, Electric wizard nous propose ici un allé simple pour une partouse impie avec le dieu décibel en personne, loin de l’imaginaire pourtant riche du groupe. On a l’impression de découvrir l’envers du décor, le côté glauque et malsain, quelque chose d’aussi cru que kitch, à l’aspect sur-saturé qui étouffe d’emblée les perceptions et efface tout ancrage possible.

Au final, on a le droit à une sorte de fuzz ultra grillé qui nous pond du psyché-riff répétitif à souhait, le tout accompagné par du solo delirum tremens incompréhensible et bruitiste, heureusement vaguement rattaché par une ronflante basse pachyderme et une batterie qui tente de tenir la baraque alors que tout par à vau-l’eau dans un tangage infernal. Pendant ce temps, un prêtre défoncé à tout ce qu’il a pu trouver monologue et psalmodie tout ce qui lui passe par la tête, nous incitant à tous les excès sans limite, l’abus d’acide venant combler le mortifère d’une vie sans relief de zombie apathique. Car au fond semble toujours grouiller le même vieux démon, toujours aussi puissant malgré les bombardements chimiques subis, toujours aussi noir malgré les couleurs chatoyantes des pilules ingérées. A ce stade, la chute est amorcée, la descente sera lente et douloureuse, d’autant plus que cette fois-ci on est monté loin, très loin, si loin que l’atterrissage ne se fera que dans une désintégration déliquescente au possible.

Electric Wizard ne livre pas ici son meilleur opus, car il y aurait à redire ici ou là, sur un son presque brouillon parfois, ou sur un coup de mou au milieu de l’album qui rend l’écoute pas toujours évidente. Pourtant, l’essence même de cette sortie paraît reprendre l’ensemble de la carrière du groupe, même si le gros son période Dopethrone est mort, comme si le doom de l’époque avait peu à peu décliné au fur et à mesure que les substances rongeaient les perceptions des musiciens pour laisser place à davantage de ce psychédélisme rock quasi pop parfois tellement il est crétin. On a presque envie de dire, tant pis pour les puristes et les fouineurs, tant pis pour ceux qui s’énerveront sur les détails techniques, et reservez-moi donc de ce succulent cocktail de pilules hallucinogènes. Turn off your mind, en sommes.

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