Musique et tergiversation sur tout et rien, surtout rien.

jeudi 13 septembre 2012

Author & Punisher - Ursus Americanus




Dès la première écoute, je fus complètement retourné. Piétiné. Réduit à néant. Lorsque la platine s’arrêta, je me retrouvai presque hagard, dans un silence insupportable qui ne rendait que plus réel ce qui venait de se passer. Tel fut le puissant impact de ce Ursus Americanus, découvert par hasard lors de quelques errances cybernétiques.

C’est en creusant un peu plus que je me suis rendu compte que le type aux manettes de « Author & Punisher », Tristan Shone, est un génie. Mais le genre de génie un peu barré, fou même. Une sorte d’autiste qui baigne dans son univers bien à lui, au point d’inventer ses propres ustensiles pour faire du bruit. Un peu comme si une victime fabriquait ses propres engins de tortures. C’est d’ailleurs ce que l’on peut observer sur la pochette, qui de prime abord est un peu énigmatique : des machines bizarres, que le sieur manipule on ne sait vraiment comment. Le plus incroyable dans tout ça est qu’à l’écoute de l’album, la pertinence de ces créations étranges est évidente. La cohérence et la force du propos nous éloigne d’ailleurs de l’aspect « expérimentale » en son versant négatif, c'est-à-dire tout ce qui constitue des tentatives de se rendre intéressant par des moyens farfelus sans qu’il n’y ait de réelle démarche et/ou de résultat. Avec Author & Punisher, on est au contraire dans quelque chose de totalisant, la démarche s’appréhendant dans sa globalité, de la création des machines au contenu même de la musique.

Côté référence, on oscille entre différents genres musicaux susceptibles d’offrir ce qu’il y a de plus horrible. En vrac, on croit entendre de l’indus, de la noise, du doom, du trip-hop, du « freak dub », le tout forniquant joyeusement ensemble dans une partouse impie. Mais si cette musique est aussi intense, c’est bien parce qu’elle ne se rattache jamais à l’un ou l’autre des genres cités, elle se nourrit de tous certes, mais reste tout à fait unique, à tel point qu’il est parfois difficile de savoir exactement à quoi on a affaire. N’est-ce pas là que se situe justement la création ?

Ursus Americanus est une œuvre tortueuse et fondamentalement douloureuse, elle est archaïque et flirt sans scrupule avec les tréfonds de la folie mentale. Les compositions sont extrêmement froides, sans mélodie, sans rien à quoi se raccrocher ; elles fondent sur l’auditeur avec fracas, lui triturant la cervelle et jouant avec ses nerfs avec une satisfaction quasi morbide. Chaque « son » est parfaitement atroce, quasi insupportable, y compris ces voix électriques et ravagées hurlant comme des damnées en proies aux pires tourments. Même les parties plus posées sont inquiétantes et sans espoir.

L’œuvre pourra paraître difficilement abordable, elle n’en reste pas moins extrêmement efficace. Sans fioriture, du brut de décoffrage, du directe dans ta face, tellement crade et dangereux que tu ne peux qu’y revenir.


Quelques vidéos pour vous donner une idée :



Le site du type, et puis le bancamp pour vous faire du mal.

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