Musique et tergiversation sur tout et rien, surtout rien.

mardi 4 septembre 2012

Verdunkeln - Weder Licht Noch Schatten






S’il y a bien un groupe de black metal qui retient encore mon attention aujourd’hui, c’est Verdunkeln. J’apprécie bien d’autres choses dans le style, mais il s’agit souvent d’entités musicales qui s’éloignent fortement des critères « classique » du genre (non que ce soit un problème cela dit).
Le cas Verdunkeln est différent, car leur musique reste au fond relativement conventionnelle pour le style. Pourtant, le groupe parvient encore aujourd’hui à retenir mon attention, même si les « nouveautés » black metallique me laissent de plus en plus indifférent, voire sceptique quant à la pérennité de ce genre musicale.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Verdunkeln est un groupe discret, chose que j’avais déjà pu repérer lors de leurs précédentes sorties. Rappelons-le, Verdunkeln a d’abord sorti une première démo en 2005, remarquable en dépit d’un son médiocre, puis un brillant premier album en 2007. Il aura donc fallu attendre cinq ans pour que le combo nous ressorte enfin du nouveau son. Quand on connaît la durée de vie de certains groupes de metal, cinq années, ce n’est pas rien (n’est pas Darkthrone qui veut…). De quoi passer à la trappe. D’ailleurs, c’est par un pur hasard que je suis tombé sur leur nouvel album, persuadé que j’étais que le groupe s’était arrêté. Il faut dire que la sortie de l’album s’est faite subtilement, sans grand bruit ni matraquage mercantilique.

Chroniquer cet album m’est difficile. En effet, on pourrait globalement dire que le groupe nous propose la même recette que sur leur précédente galette, sans réel changement, sans ligne directrice différente, sans évolution majeure. A tout le moins faut-il bien reconnaitre que l’angoisse du « retour après cinq années d’absence » est vite estompée, on ne se retrouve pas avec un album qui n’a plus rien à voir avec ce que faisait le groupe avant et qui laisse sérieusement à désirer (si si, ça arrive). On retrouve ainsi un black metal atmosphérique tout en mid-tempo, au blast discret, présentant le même type de construction des morceaux que leur dernier opus : des riffs qui plantent l’épaisseur du décor accompagnés par diverses mélodies qui créent toutes cette atmosphère si particulière. Le son est également du même genre, sorte de marque de fabrique du groupe, à la fois froid et humide, comme si nous errions dans une forêt aux premières lueurs de l’aube. A peine quelques éléments ici où là sonnent-ils plus novateurs, de quoi différencier les albums pourrait-on dire en étant mauvaise langue. Le chant, par exemple, m’est apparu encore plus varié, partant d’une base black classique (plus ou moins hurlé) et n’hésitant pas à se faire plus clair, voire même chuchoté, ce qui renforce souvent la force des compositions. Les paroles en allemand vient apporter à certain moment un côté martial qui étrangement ne fait pas tâche avec le reste.

Mais alors qu’a-t-on au juste ? Un album bis sans intérêt ? Eh bien non, pas sans intérêt, même si la recette est semblable. Et c’est justement là que Verdunkeln me bluffe, car leur musique si particulière me happe à chaque fois. Je me laisse embarquer par ses arpèges froids et humides, tellement hypnotiques qu’ils en deviennent étonnamment psychédéliques ; et me retrouve baignant dans une atmosphère brumeuse difficilement descriptible, marquée par une dimension un peu baroque, un peu bizarre, inquiétante sans être angoissante, sombre sans être désespérée pour autant, presque apaisante même. Je crois que toute la force du groupe réside dans cette capacité à nous mettre en contact avec des tableaux oniriques très intimes, voyages aux confins de l’esprit, dans cette zone quasi mystique et primaire où les notions de noir et de blanc, d’ombres et de lumières, se confondent. N’est-ce pas d’ailleurs là le sens du titre, « Weder Licht noch Schatten » signifiant quelque chose comme « ni lumière ni ombre » ? L’artwork également semble nous amener vers cette confusion entre la figure de la sainte, donneuse de vie, et la mort. C’est sans doute cette lecture des choses qui me parle tant, cette idée d’un grand tout complexe où les choses ne sont pas simplement binaires et opposées. Si seulement je comprenais vraiment l’Allemand, peut-être pourrais-je saisir ce que Verdunkeln nous offre dans ses textes.

Verdunkeln signe donc un nouveau petit chef d’œuvre de black metal ambient, dont l’intensité et la profondeur n’ont rien à envier aux premiers albums de Burzum, ceux-là mêmes qui constituent la référence de base de mon expérience dans le domaine. J’irais même jusqu’à dire que Verdunkeln poursuit avec brio le travail de Burzum, ce dernier ayant largement périclité depuis (pas la peine de s’étendre sur le sujet…). Verdunkeln m’a aussi beaucoup fait penser au Bergtatt d’Ulver avec cet album, du fait de sa dimension onirique, comme si nous suivions une histoire, plus encore, comme si nous étions dans celle-ci à contempler ce qui se passait. Le seul regret au final est peut-être la pointe de linéarité qui reste après coup, l’homogénéité de l’album ne laissant pas la place à une construction « logique » avec un début et une fin, l’intensité constante entre les morceaux ne permettant pas de mettre en relief un élément par rapport à un autre. C’est bien là le seul défaut de cette pièce majeure qui trouvera sûrement à s’épanouir auprès des auditeurs avec le temps.

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