Il y a bien longtemps que je n’avais pas déniché pareille musique… Ce
premier album d’Atriarch (à moins qu’il ne s’agisse d’un ep ?) m’était
complètement passé à côté des esgourdes, et c’est la sortie toute récente de
leur second opus (Ritual of Passing, chez Profound Lore) qui m’a fait me
pencher sur les américains issus de l’Oregon.
Forever the End a vu le jour en 2011 chez Seventh Rule Recordings, soit
deux ans après la création du groupe. Quatre morceaux pour un peu plus de
trente-cinq minutes, une durée correcte pour un premier effort, de quoi
s’humecter le cerveau avec leurs ambiances sans se retrouver à sec trop vite,
tout en laissant naître la curiosité de voir la suite.
Et il faut bien reconnaître que le groupe a réussi là un petit tour de force.
Car si dans l’ensemble il n’y a rien de transcendant ou de fondamentalement
novateur, le groupe se dégage du lot par la force de son propos, l’intensité de
ses compositions et le feeling joyeusement malsain qui se dégage de leur
galette. D’ailleurs, c’est à peine si on remarque les petits défauts de
l’album, à savoir un son peut-être un poil cheap mais qui vient pourtant renforcer
l’aspect crasseux de la chose ; et également certains riffs pouvant paraître
quelque peu évidents, mais qui restent néanmoins toujours accrocheurs.
Question ambiance, on oscille entre des résonnances distordues, comme
enfermées dans une bouteille bien trop vide ; des sons de claviers erratiques dont on ne
sait pas s’ils proviennent d’un black metal ambient et dépressif ou d’un doom
death au relent goth et funeral en même temps ; des influences légèrement
rock parfois, bien que pas « 'n roll » du tout ; une batterie
funéraire ; du riffs lourds et lents comme ce devrait toujours l’être,
quasi drone ; une basse évidemment ronflante et écrasante ; une
alternance schizophrénique entre hurlements torturés très black metal, growls
glaireux et chant clair incantatoire aussi halluciné que désespérément
post-punk. Bref, on croise un beau mélange de genre, et l’on pense en même
temps à Urfaust, Hjarnidaudi, pourquoi pas Evoken, le dernier Ramesses aussi, The
Gault évidemment, Funeralium et autres allumés du genre comme Wormphlegm, mais
aussi certains groupes de sludge voire même de black dit dépressif (ceux qui
parviennent à faire quelque chose d’accrocheur et pas complètement
inintéressant en tout cas).
Avec tout ça, on se doute tout de suite que les thématiques abordées
seront à la hauteur de ce qu’on écoute. La musique d’Atriarch est malade,
rongée de bout en bout par l’angoisse, en proie à des idées noires tellement
épaisses qu’aucune lumière ne semble pouvoir ne serait-ce que les écorcher. La
mélancolie fataliste à l’extrême se voit érigée en philosophie et conduit au
culte du vide spirituel, celui qu’on rencontre à observer le monde avec trop de
justesse. A ce titre, les différentes voix utilisées donnent une profondeur
indéniable à l’ensemble, en offrant une certaine largeur au panel d’émotions
qui passe de la morosité à la rage, de la douleur existentielle à l’explosion
de folie.
Atriarch nous offre ici un excellent premier essai, rivalisant aisément
avec les chefs de file du genre. La maîtrise des compositions est évidente et
la créativité bien présente. Tout est là pour offrir une suite digne de ce nom
à ce Forever the End.
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