Musique et tergiversation sur tout et rien, surtout rien.

mardi 9 juillet 2013

Author & Punisher - Women and Children



 Revoilà l’infamie. Si peu de temps après son dernier assaut. Même pas eu le temps de s’en remettre, qu’il va nous falloir replonger. Je l’entends qui s’éveille, qui croît, doucement… L’Horreur arrive, suintante, prête à s’abattre. Le cœur palpite, la pensée s’arrête. Un premier cri, elle hurle soudainement, comme prise d’une colère effroyable. Puis un instant de vide. Et le déferlement subvient : une masse noire et visqueuse, extrêmement puissante, nous écrase ; les sensations sont violemment prises à parties, torturées, poussées dans leur retranchement. Tenter de résister, tenir autant que possible, les yeux clos et les mains pressant douloureusement sur les oreilles pour tenter d’étouffer le bruit. Il n’y a que ça à faire, avant que ça ne s’arrête, sans raison, comme cela a commencé.

Mais cela s’arrête-t-il vraiment ? Le point de rupture est dépassé et l’on se prend aux pièges ; c’est à notre tour de laisser s’éveiller la bête tapie au fond de nous. Une errance s’engage alors, mêlant impulsivité et incompréhension, les contours s’amenuisant peu à peu. Le corps tremble et la tête s’y perd, les muscles réagissent seuls, comme un instinct. Impossible de saisir ce qui se passe, on se sent joué par une énergie rampante venue d’on ne sait où, elle s’impose et on se retrouve à déambuler en délirant, les yeux hagards, comme en transe.

A peine le temps d’un souffle et le Son nous rembarque, nous sommes à nouveau pris par cette étrangeté qui nous pousse de plus en plus loin dans les méandres de l’univers physique, là où les perceptions se liquéfient peu à peu pour soudainement se perdre. L’écart se creuse et on ne sait plus quoi croire. Que se passe-t-il donc ici ? Le pire est notre conscience, en lambeaux certes, mais encore suffisamment lucide pour nous obliger à nous confronter à ce qui se passe. Les hallucinations épouvantables déferlent et l’Horreur se constitue un peu plus. L’espoir est mort depuis longtemps, violée par la folie. Ce qui se dresse devant nous est sidérant d’ignominie et les mots fuient pour décrire cette décadence, que personne n’oserait croire. C’est froid, tellement froid… la brûlure est trop intense, impossible de poursuivre…


Un réveil soudain, en sueur, le cœur prêt à crever la poitrine. Puis sans attendre nous assaillent les souvenirs acérés comme des épines empoisonnées. L’Horreur est diffuse, mais elle subsiste et ronge la moindre parcelle de conscience ; rien n’empêche cette abomination de ramper, toujours un peu plus loin, réduisant à néant tout ce qu’elle rencontre.

C’est fini. Il n’y a plus rien à retenir. Les visages se sont éteints et les yeux se sont tus. Il n’y a plus qu’une matière tellurique, noire et curieusement lisse et rugueuse à la fois. Sa victoire est indiscutable, plus rien ne la retient.

Un dernier soupçon de vie se fait sentir, un sentiment d’anéantissement suprême et de désolation résignée, presque apaisant. Le calme ne fait que mettre en exergue l’absurdité de nos sensations, complètement déréglées et désormais hors de porté. Seul signe de résistance, le battement trop lointain d’un cœur à l’agonie, qui ne dure que pour mieux se jouer de sa déchéance.
 


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