Musique et tergiversation sur tout et rien, surtout rien.

dimanche 21 juillet 2013

Toner Low - III





Ben ça alors… Toner Low qui nous sort un troisième album, moi qui avait finit par me persuader que non, c’en était fini du groupe, après deux très bons albums (respectivement 2005 et 2008). Et les voilà qui reviennent, discrètement, l’air de rien, nous offrant leur nouvelle récolte. Presque cinq années auront donc été nécessaires pour que le groupe pousse à maturation leur compos. Et vu la couleur des vinyles, autant dire que ça sent la bonne came.

Pas la peine de chipoter : « III » pour notifier qu’il s’agit là du troisième album, quatre morceaux, un par face, intitulé de manière très sobre (phase 6, 7, 8 et 9). En guise de pochette : des feuilles de cannabis. Je crois que tout est dit, au moins c’est clair et on n’aura pas à aller chercher une éventuelle explication mystique sur le sens de l’album et des paroles (n’est pas Neurosis qui veut, hein).

A peine la galette posée sur la platine, on se confronte à un mur de son gigantesque, digne des plus couillus de la scène stoner-doom. En un mot comme en cent : MASSIF. Epais, aussi. Incroyablement intense, détaillé, énergique, subtile tout en restant mastodonte. Du Toner Low, en somme, mais en version upgrade, me semble-t-il, de la même manière qu’entre le premier et le second opus, le son avait déjà gagné en puissance. Alors par contre, il n’y a pas vraiment le choix : il faut écouter ça fort. Très fort. Sinon, ça ne sert à rien et on perd la moitié de l’album. D’ailleurs, le degré de plaisir est directement proportionnel à la hauteur du volume.

Et puis il y a ces fameux riffs, aussi accrocheurs que répétitifs. Là encore, du Toner Low tout craché, mais en encore plus addictifs, plus complets, mieux travaillés. Au fond, on a là un excellent mélange de musique psychédélique et de doom, où le riff est roi pour créer la léthargie, nous guidant dans les outre-sphères intersidérales et les errances hallucinées de tout poil. Quasiment pas besoin de chant, tout est dans les variations des riffs ; et vas-y que je t’en ponde du hyper entêtant, puis que je te balance des vocaux arrachés, avec quelques effets/solo bizarroïdesques. A peine quelques petites pauses dans tout ça, juste de quoi éviter l’explosion des tympans, par exemple avec le début du troisième morceau, très ouvert, qui finira bien sûr par s’embourber comme il faut dans son fuzz. Et pourquoi pas aussi que je te plongerais dans une contemplation crépiteuse, écrasée que tu es par tout ce fuzz qui dégouline de partout, tout en lenteur, tellement que le son paraît se décortiquer devant tes mirettes qui en chialent de bonheur. Car oui, le plus jouissif dans cet album, là où le groupe excelle, c’est typiquement dans les passages ralentis, très ralentis, qui permettent autant au son de se déplier et d’exprimer au plus juste toute sa puissance qu’aux ambiances de s’approfondir, de s’alourdir, bref : de donner toute son envergure au groupe qui ne fait pas qu’enchaîner des suites de riffs « cools ».

III est donc une petite tuerie, bourrée de références bien digérées et subtilement insérées dans les compos, lorgnant autant du côté du drone que du sludge et, bien entendu, du stoner. Plus encore, ces références s’effacent quasi complètement pour laisser place à l’ambiance unique dessinée par le groupe.  Ces cinq ans d’attente semblent ainsi tout à fait justifiés, permettant à Toner Low de creuser un peu plus son sillon et d’assoir sa présence dans cette scène stoner doom pas si surchargée que ça quand on y pense bien. 
A écouter d’urgence, on n’est pas loin du chef-d’œuvre tellement on y revient régulièrement pour se reprendre une nouvelle claque.

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