La journée commence avec l’annonce de l’annulation
de deux groupes, Strangers Family Band et Temples, remplacés par Neue Wild. Cela
entraînera également quelques modifications dans l’ordre de passage des
groupes.
Globalement, ce second jour sera plus laborieux
pour moi : à de nombreuses reprises j’ai simplement décroché des concerts
sans parvenir à y revenir pour un second avis. La faute à une organisation
« marathon » qui se justifie sans aucun doute mais qui ne facilite
pas la vie de nous autres, les spectateurs béotiens. Cela dit, ça n’enlève rien
à la qualité de cette deuxième journée comme de l’ensemble du festival. Disons
que j’ai été davantage en dilettante pour ce dernier jour.
On débute les concerts avec Lonely Walk qui du fait des changements de programmation, a eu
droit à la grande scène, donc à une bonne sonorisation. Clairement influencé
post-punk et dérivé « -wave », le groupe a assuré une prestation
honnête, mais qui manquait malheureusement de punch et d’assise scénique (ça
manque un peu de maturité quoi), même en tenant compte du style pratiqué qui
n’invite pas nécessairement au tremoussage d’arrière-train. Les musiciens me
semblaient aussi un peu ailleurs. Malgré tout, ils ont réussi à retenir mon
attention jusqu’au bout.
C’est Neue
Wilde qui a enchaîné, au pied levé donc, et euh bon, ce n’était pas
mauvais, mais je n’ai pas du tout réussi à rentrer dedans. Fougueux et
expérimental, mais aussi bordélique, je reconnais tout de même aux zicos leur
capacité à transmettre leur plaisir à jouer.
On poursuit avec The UFO Club, avec dedans des vrais morceaux de Christian Bland
(The Black Angels) et de Lee Blackwell (Night Beats, le bougre ayant encore
cassé une corde sur sa guitare). Très sympa mais sans doute aussi un peu trop
proche de leurs groupes respectifs, je n’ai été qu’à moitié convaincu, bien
qu’il me soit impossible de les critiquer pour leur prestation réussie. C’est
rétro à souhait, bien calibré et rempli de petits délires fun, comme un morceau
très influencé par Pulp Fiction, des loups-garous et des ambiances typées
ufologie des années 50.
On change de registre avec Mars Red Sky, que j’avais déjà vu au Chabada en 2012, et que
j’attendais avec impatience parce que je suis juste fan de leur musique,
parfait mélange de son écrasant et tellurique et d’ambiances aériennes,
délicates et empruntes d’une douce nostalgie. En live, ça dépote sévère et leur
son massif impose leur présence. Je reste toujours dubitatif sur leur façon
d’interagir avec le public, qui fait encore très amateur alors qu’ils gagneraient
en charisme à la travailler un peu, mais encore une fois je suis tatillon. Donc
un set très bien exécuté avec des musiciens bien dans leur musique, deux
nouveaux titres présentés, des morceaux déjà cultes qu’il est toujours plaisant
de vivre en live. Seul bémol à nouveau… le son, mais je commence à être
redondant là, non ?
Hop, on bascule à nouveau dans un registre tout
autre puisque c’est Beak> qui
prend la relève sur la grande scène, en version intimiste (tous les musiciens
sont assis, entourés d’espèces d’écrans qui exposent des images répétitives).
Je vous promets que j’ai essayé mais je ne devais décidément pas être d’humeur
ce jour là pour découvrir le groupe, parce que je n’ai pas pu accrocher, la
faute à un côté trop répétitif. Depuis j’ai visité leur bandcamp et ça commence
à être suffisamment intriguant pour que je me penche sérieusement dessus, comme
quoi…
C’est au tour de Telescopes de prendre la relève, sans doute le plus vieux groupe du
festival puisque leur premier album date de 1989 (quand même !). Je
n’avais jamais entendu parler d’eux, mais je dois dire que j’ai plutôt bien
accroché, notamment grâce à leur côté shoegaze/noisy tout à fait agréablement
irritant (comment ça, c’est contradictoire ?). Il semble qu’ils aient eu
des soucis au cours de leur set, notamment le chanteur qui ne parvenait pas à
se faire entendre. Rien qui n’ait gâché mon plaisir malgré tout, j’ai même été
plutôt très pris dans leur délire noisy (et mes oreilles en sifflaient encore
d’admiration après quelques jours…).
Damo Suzuki
prend la relève. La particularité de l’artiste est de choisir sur place les musiciens avec qui il va jouer.
Cette fois-ci, ce fut des membres de Beak> et de Dead Skeletons, me
semble-il. Le moment fut assez unique, un sorte de pièce psychédélique
d’environ une heure, sans pause, où Damo Suzuki déclamait son mantra
(répétait-il toujours la même chose ? c’est bien possible), pendant que
les zicos imposaient une ambiance incantatoire (était-ce de l’improvisation ou
avaient-ils une ligne conductrice tout de même ? Je ne saurais dire). Pour
tenter un rapprochement, je dirais volontiers qu’on n’était pas si loin d’un
concert de Sunn o))), d’une certaine manière, où le principe de
« compos » et de « morceaux » n’a plus vraiment cours et où
le son et l’immersion priment. Au final, il en ressort un moment quasi
hors-temps, difficile à relier au reste de festival tant la musique était
incroyablement intense et profonde.
Forcément, enchaîner avec Elephant Stone n’allait pas de soi. Je dois bien avouer que leur
net penchant pop m’a profondément ennuyé et j’ai préféré me retirer pour
laisser les amateurs en profiter.
Idem pour Dead
Skeletons, visiblement très attendu par certains, mais qui ne m’a pas franchement
marqué non plus. Est-ce la fatigue qui a joué contre-moi ? Sans doute.
Est-ce mon choix de mettre enfin des bouchons d’oreille afin de reposer un peu
mon ouïe avant Dead Meadow qui m’a empêché de rentrer dans leur musique ?
Peut-être. Malgré tout, et après avoir écouté un peu leur album après coup, je
dois bien dire que je n’accroche pas vraiment à leur semblant de musique
incantatoire, qui me semblait plus maniérée que sincère. Mais cela reste un
avis personnel.
Le festival se termine avec, excusez du peu, Dead Meadow. Pour le coup je libère mes
oreilles de leurs bouchons histoire de profiter du son de la grande salle qui
rend tout à fait honneur aux amplis Orange du groupe. Un excellent concert,
très bien exécuté, sans fioriture, qui voit passer des morceaux de leur dernier
album « Warble Womb » comme des titres plus anciens tirés de
leurs précédents opus. On retrouve toute la finesse du groupe, qui oscille sans
qu’on s’en rende vraiment compte entre blues/folk, heavy et rock psyché. Les
solo de guitare sont tout bonnement excellents, et parviennent toujours à nous
accrocher pour nous emmener loin dans une atmosphère enfumée. La salle se vide
peu à peu, sans doute à cause du côté répétitif du combo et forcément moins
accessible que les Black Angels. Qu’importe, les Dead Meadow nous ont gratifié
d’un long set de plus d’une heure et demi, en toute intimité, un peu comme si c’était
des amis qui jouaient à la maison. Faut dire qu’on se sent tellement bien avec
leur musique.
Ce fut donc un week-end chargé mais tout bonnement
excellent, surtout si l’on garde à l’esprit que c’était sans doute la seule
occasion européenne de croiser tous ces groupes ensembles. Que cela ait eu lieu
à quelques minutes de chez moi, autant dire que j’étais aux anges. Merci au
partenariat entre Angers et Austin, merci au Chabada et toute l’équipe pour la
gestion de ces deux jours, et bien sûr, merci aux groupes !
Ah oui, et tant que j’y suis, pour l’année
prochaine, pourquoi ne pas penser une programmation avec des choses plus
variées ? Pourquoi pas du dub, du metal (sisi, le psyché se conjugue très
bien au heavy as hell !), de l’électro (oui je sais, il y avait Beak>
cette année), des musiques traditionnelles, etc. ?